Février 2013 Voyage aux San Blas

Le 10/02/2013

Arrivée à la nuit tombante à l’aéroport de Panama City. Après avoir survolé la baie dans un ciel rougeoyant et aperçu les grattes ciel illuminés de la ville. On se croirait atterrir à New York.

Après le passage de la douane et avoir rempli les différents papiers de rentrée dans le pays, nous cherchons notre chauffeur de l’hôtel au tee shirt orange, manque de pot de nombreux chauffeurs de taxi portent un tee shirt orange.

Arrivés à l’hôtel vers 21h après plus de 15h de vol, une brève incursion dans le quartier, très peu de gens dans les rues, des voitures qui circulent rapidement et pas de passage clouté pour les piétons !!! Nous ne sommes pas trop rassurés et rentrons rapidement à l’hôtel car nous sommes debout depuis 4 h du matin avec un décalage horaire de 6h et demain un taxi nous attend à 5h pour nous amener à la Comarca de San Blas (Guna Yala).

Le 11/02/2013

A l’heure dîte le taxi collectif (un 4×4 Toyota) nous attend devant l’hôtel. Il fait encore nuit, nous roulons toutes vitres ouvertes, il fait 23°C. Le chauffeur Alépiot (un Kuna) quitte les périphériques pour rentrer dans un quartier sans urbanisation, pas de trottoir, des rues défoncées en terre battue, des maisons construites de bric et de broc, mal éclairées.

Il a l’air plus animé, des groupes de gens se tiennent dans la pénombre au carrefour, devant des maisons, le chauffeur referme immédiatement toutes les vitres teintées pour que l’on ne distingue rien à l’intérieur du véhicule ! Il dépose une personne qui était avec nous puis repart pour s’arréter plus loin dans une station service sans lumière, on la croirait fermée. Un homme se lève d’une chaise à l’écart dans le noir pour venir nous servir. Le jour n’est pas encore levé mais les rues commencent à s’animer. Les gens attendent les transports en commun, des bus tout illuminés, de vrais sapins de noël. Des chiens efflanqués circulent et disparaissent dans le noir. La station s’illumine enfin. Les automobilistes affluent pour faire le plein. Un groupe de jeunes assis sur leurs sacs attendent sur le parking de la station essence. Une fois le plein fait, le chauffeur s’arrête à leur hauteur. Ils doivent aussi prendre le taxi. Comment va t’on faire pour caser tout ce monde avec les bagages ? Le chauffeur entasse tous les sacs sur le toit et tout le monde se serre à l’intérieur du véhicule. Les jeunes passeront tout le voyage assoupis.

C’est reparti, la climatisation à fond, la circulation s’intensifie. Au bout de ¾ d’heure de route, le chauffeur s’arrête pour déjeûner, nous attendons dans la voiture moteur allumé.

Nous repartons pour Carti par la route d’El Llano. Le chemin est très beau mais trés accidenté. Il serpente au cœur des montagnes des San Blas. On comprend bien vite l’utilité du 4×4 . Le chauffeur parle peu mais répond aux 2 téléphones portables, tout en conduisant,  (2 réseaux céllulaires). Il a l’air décontracté et pas stressé par l’étroitesse de la route et les accotements dangereux qu’il cotoie avec légèreté.

Le jour s’est enfin levé, il fait déjà 29°C. Nous arrivons en territoire Guna, nous devons payer une taxe de 10$ par personne pour rentrer dans la comarca de San Blas. Une des filles du groupe a le mal des transports et vomit par la portière.

Le chauffeur appelle le bar “Elephant“ sur l’ile de Lemon Cayes Ouest pour qu’il envoie une lancha (bateau surmotorisé) nous chercher au ponton de Carti. Après quelques frayeurs et incompréhensions dues à la langue, le bateau est bien là et nous ammène directement , contre le vent et les vagues (dur de rester au sec) vers Lemon  Cayes Ouest où nous attendent Vali et Georges sur “Yeratel“, un plan Lombard de 45’’.

Une fois les retrouvailles faites, nous partons vers Lemon Cayes Est où nous passons la nuit.

Le 12/02/2013

Le lendemain première baignade dans de l’eau à 26°c  en face de l’ile Kaiba et fabrication du pain.

Le 13/02/2013

Trois heures de navigation au près cap au 100° à 7 nœuds vers COCO Bandero. Arrivée dans une eau turquoise, l’ile est magnifique couverte de cocotiers. Une famille vend des Molas et tient un restaurant mais il faut réserver à l’avance pour pouvoir manger. L’ile est propre est bien tenue. Celle juste à coté possède un point d’eau douce comme toutes les iles non habitées elles recèlent les éternelles canettes de bière ou sodas et des sacs poubelles pleins abandonnés aux pieds des cocotiers par les touristes. Les charters y ont abandonné des bouteilles de champagne Moët et Chandon. Tourisme indélicat et insouciance de l’homme, Ils apportent leurs emballages, leurs bouteilles et leurs canettes pleins mais les contenants sont trop lourds une fois vide pour les remporter. Pauvre nature qui les a accueillis généreusement et qu’ils ne respectent pas. Pauvre nature qui n’a rien demandé, elle n’y résistera pas.

Le 14/02/2013

Grande première, plongée en apnée ensemble, nous avons vu des Girelles, des Anges juvéniles, des Carangues. Des indiens Kuna dans leur pirogue viennent nous vendre des poulpes, des Lambi, une carangue que nous dégusterons au barbecue et nous montent aussi un Baliste. En fin de journée un iguane passe gentiment sur l’avant du voilier et se dirige vers le point d’eau douce.

Le soir, commande au “supermarché “ Apio sur sa lancha “Jacob“ palabre avec Valie pour une livraison de fruits et légumes dans deux jours à ’Isla Verde (Green Island).

Le 15/02/2013

Départ de Coco Bandero pour Isla Verde, trois miles de navigation au moteur pour produire de l’eau douce avec le dessalanisateur. A l’arrivée Baignade puis douche et shampoing autour du point d’eau douce niché au cœur de l’île sous les cocotiers.

Menu du soir Carangue et tajine de petits légumes (bananes plantain, patates douces, pommes de terre, aubergines, poivrons et épices).

Le 16/02/2013

Toujours au mouillage devant Isla Verde. Petit déjeuner qui s’éternise devant ce décor a coupé le souffle, dégustation de fruits de la passion (maracuja).

Le ciel est plus couvert mais le “grain“ qui s’annonce ne vient pas. Nage jusqu’à la plage puis footing autour de l’ile, plutôt 1000m  steeple car il faut enjamber les cocotiers couchés et courir dans l’eau jusqu’aux mollets puis lessive au point d’eau douce.

Le livreur Apio est arrivé avec sa lancha

Le 17/02/2013

Toujours devant la plage blanche avec les cocotiers, l’eau turquoise, le vent est du NNEst à 10 nœuds. La journée s’écoule entre baignades et farniente.

Le 18/02/2013

Départ pour Nargana lat. 9° 26’ long. 78° 35’ plus au sud pour faire un approvisionnement. Cap au sud est vent 17 à 19 nœuds, 4,7 miles de parcours sous génois bâbord amure.

Nous mouillons sous le vent du village, prés du groupe électrogène qui fonctionne 24h/24 (bonjour le calme). C’est un dépaysement le plus total, après des jours de solitude nous voici dans un hameau avec école, église, dispensaire, banque, bibliothèque, restaurants et place centrale avec la statue du padre Carlos Inadiguine Robinson. Quelques maisons sont en dur avec leurs toits de tôle. Nous nous arrêtons au restaurant Tentene Express en face de la place où l’on a bien mangé pour 37 $ pour quatre personnes avec la boisson. Nous avons un peu les yeux écarquillés devant tant de décalage, huttes en roseau au toit de palmes, internet, téléphones portables, paraboles satellites, télévisions allumées toute la journée que l’on entend derrière les palissades de bambou, des adultes assoupis dans des hamacs, il est entre 13h et 14h, il fait chaud. Des enfants déguisés jouent dans les rues, c’est encore le carnaval. L’école reprendra la semaine prochaine. Tout le village va chercher l’eau douce en remontant le rio Diablo. Les porteurs d’eau approvisionnent les commerces et les particuliers.

Fredérico qui habite en face de notre mouillage, nous guide dans nos démarches. La connexion internet ne fonctionne pas, il faut trouver le technicien, mais il a beaucoup à faire avec la rentrée scolaire qui approche. Près de l’école où

nous pensions le trouver, des Français avec leurs ordinateurs portables essayent désespérément d’avoir une liaison internet sans résultat.

La végétation de l’ile est composée d’arbre à pain, de goyave, de nonis (dont les fruits sont riche en vitamine C mais au goût infecte), des résignés, des ixoras rouges, des ibiscus, des dieffenbachias, des allamandas.

Georges a réparé l’hélice du hors bord que j’avais cassé sur une caye à isla Verde, avec trois vis pour la bloquer sur l’axe. Autour du bateau passent des couches culottes, des déchets plastiques que les habitants jettent à l’eau et que le courant et les alizés emportent dans la mangrove.

Vers 17h un Kuna arrivant de la forêt dans son cayoco (pirogue très étroite creusée dans un tronc d’arbre) nous vend un régime de bananes.

Vers 18h Françoise et Lucien du bateau “Clown“ arrivent pour l’apéro.

Le 19/02/2013

Le temps est couvert et bouché au réveil vers 7h mais il fait 27°C.

A 9h30 le temps a l’air de se lever, Georges va sur le bateau “Clown“ pour essayer de résoudre un problème de surconsommation de courant du pilote électrique.

Ce matin un cayoco du village chargé de sacs poubelle s’avance vers la mangrove et les jette à l’air libre. Il n’y pas de traitement des déchets.

Déambulation sur l’ile de Nargana, on se perd dans le dédale des ruelles toujours autant dépaysant. Nous allons sur l’île voisine “Corazon de Jesus“ en empruntant le pont récent qui relie les deux iles.

L’après-midi tentative pour remonter le rio Diablo avec l’annexe, difficile de passer la barre. A la deuxième tentative nous prenons la voie secondaire de droite plus étroite sous une voute de végétation, l’entrée principale se trouve sur la gauche. Il faut faire attention aux arbres tombés dans l‘eau et aux bancs de sable. Le rio peut se remonter durant ¾ d’heure à une heure environ. Les gens de Nargana viennent s’approvisionner en eau douce, se baigner et se laver. Tout le long du fleuve la végétation est luxuriante. A la tombée du jour les oiseaux reviennent de la forêt vierge se coucher dans les grands arbres prés du rio.

Le soir nous retrouvons Françoise et Lucien sur leur Gib sea 42.

Le 20/02/2013

Nous partons pour l’ile d’Esnapdup tribord amure sous génois seul, vent nord-est 15 nœuds, distante de 5 miles. Nous mouillons avec d’autres bateaux sous le vent de l’ile.

Au menu omelette berbère et thon à la tahitienne.

Nous allons explorer l’île à la nage, les abords sont plus ou moins faciles d’accès.

 

Le 21/02/2013

Incinération des ordures à terre puis récupération des déchets qui n’ont pas brûlés. Ce n’est peut-être pas écologique mais il n’y a pas de traitement des déchets à des miles à la ronde. Nous rêvassons sur le bateau, absorbés par l’agitation des bateaux voisins : le bateau “Icarian“ a fait une grande lessive car il y a un jeune enfant et un bébé à bord, sur le catamaran “Bip Bip“ le capitaine astique l’inox qui s’oxyde avec l’air marin. Une lancha passe de bateau en bateau pour vendre des fruits et des légumes. Voilà le catamaran des amis Chilien qui rentre dans le mouillage. Ils nous avaient appelés à la VHF quelques instants auparavant, Michelle et Fritzmoute nous rejoindront ce soir avec leur fille et une bouteille de vin chilien qu’ils produisent. Soirée cosmopolite où s’entremêlent joyeusement l’anglais, l’espagnol, l’allemand et le français.

Le 22/02/2013

Départ d’Esnadup vers 9h30 pour l’isla Maquina à 12 miles, Vent de NNEst 10 noeuds , vent ¾ arrière sous génois seul. Mouillage à l’ouest de l’île dans la mangrove à un mile.

C’est un village traditionnel fait de huttes en roseaux et toits de palmes, agréable déambulation entre les cases au milieu d’enfants rieurs et espiègles.

Avant de pouvoir visiter le village de longues palabres dans la maison du “congresso“. Georges essaye d’être entendu du chef du village le “Saîda“ pour nous dispenser des droits d’entrée. La semaine dernière, il est venu réparer des capteurs photovoltaïques et aujourd’hui il est encore sollicité à peine débarqué, pour résoudre un problème électrique.

Nous marchandons très durement pour acquérir des “Molas“ qui sont magnifiques sur cette île.

Le 23/02/2013

Départ d’Isla Maquina à 10h, temps couvert, vent de NNest 12 nœuds  50 minutes plus tard un espadon c’est pris dans la ligne de traine. Arrivée à l’île Lemon ouest à 12h48, distance parcourue 15 miles. Visite de l’île, elle est tellement grande qu’au bout de 5 minutes nous nous retrouvons attablé au bar “l’Eleplant“ devant une bière ; on peut aussi acheter du carburant et du gaz. Nous philosophons sur le voyage et le détachement  au chose du monde. Cela ressemble bien à la fin de notre escapade en Amérique Centrale. De retour sur le bateau nous attaquons une partie de petit train mexicain interrompu par la dégustation d’un tartare d’espadon à la moutarde et par le repas du soir toujours avec de l’espadon. Dernier soir aux San Blas, demain retour en lancha puis en 4×4 jusqu’à l’aéroport de Panama City.